Haendel par la grâce de trois superbes musiciennes

Compte-rendu CD. Georg Frederic Haendel (1685-1759) : Cantates Italienne. Aminta e Fillide ; Armida Abbandonata ; La Lucrezia. Sabine Devieilhe, soprano ; Lea Desandre, mezzo-soprano. Le Concert d’Astrée. Direction, Emmanuelle Haïm. 2 CD Erato 019029633622. Durées CD 1 : 53’25 »; CD2 : 42’45’. Enregistrés en 2018.

Trois grâces au service du jeune génie de Haendel.

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Emmanuelle Haïm aime Haendel et sa carrière de chef d’orchestre a pu compter sur le génie de Haendel dés le début. Il y a tout un pan du répertoire du jeune Haendel lorsqu’il a vécu en Italie qui est peu enregistré et qu’Emmanuelle Haïm aime à faire découvrir avec de grand talents vocaux. Ainsi nous avions particulièrement aimé son premier enregistrement des duos d’Arcadie paru en 2002 avec entre autres Dessay, Gens, Petibon, Mingardo et Agnew.

Arcadian Duets

Puis l’extraordinaire  » Délirio Amoroso » en 2005 avec Natalie Dessay.

Delirio

Le double CD enregistré par Erato explore à nouveau ce superbe répertoire et il nous offrent trois cantates avec Sabine Devieilhe et Lea Desandre. L’orchestre ne comprend que des cordes mais l’inventivité du jeune Haendel est telle qu’il ne semble rien manquer au charmes qu’il déploie et qui annoncent les superbes opéras de sa maturité. Avec une voix claire, virtuose et une musicalité faite drame Sabine Devieilhe fait merveille dans la cantate Armida abbandonata. Lea Desandre à la voix plus ambrée a les mêmes qualités dramatiques et renouvelle avec une fragilité attendrissante les fureurs de La Lurezia qu’une Janette Baker a immortalisé en son temps. Les deux cantatrices arrivent dans une cantate de dimension plus audacieuse, Aminta et Fillide, à caractériser chacune leur personnage d’amoureux qui éperdue qui cruelle. Le duo final qui les rassemble est un morceau de bravoure des plus captivants. L’enthousiasme de ce disque doit beaucoup à la direction pleine de vie et d’énergie d’Emmanuelle Haïm. Son Concert d’Astrée a une magnifique réactivité et que ce soit les cordes vives comme le continuo inventif tout fait mouche et nous convainc de la beauté de ce répertoire de jeunesse qui n’a rien à envier à la maturité d’un compositeur prolixe. Un bel enregistrement plein de vie qui mérite la plus belle écoute tant pour la beauté des voix et de l’orchestre que l’énergie développée par Emmanuelle Haïm.

Hubert Stoecklin