A. Kantorow le Rhapsodique divin

CRITIQUE. Concert. TOULOUSE. Halle-aux-Grains, le 28 février 2024. Ting-cheung, Rachmaninov. A.Kantorov. Hong Kong Phil. J.V Sweden.

Alexandre le Magnifique et Hong Kong.

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Dans une tournée de l’orchestre de Hong-Kong qui donne le vertige Alexandre Kantorow fait le tour du monde en soliste magnifique. Ce soir à Toulouse le pianiste français revenait un peu à la maison. Que dire de son allure un peu plus pesante, de son sourire devenu sérieux si ce n’est que quelque chose change, la maturité et un brin de lassitude peut être ?

Une fois au piano nous retrouvons la fougue et la passion, la délicatesse de son toucher aérien, la force tellurique d’accords tonitruants. Cet été nous l’avions entendu dans le premier concerto de Rachmaninov à La Roque d’Anthéron et je crois pouvoir dire que je trouve qu’il est encore plus extraordinaire ce soir. La forme plus libre et inventive de cette Rhapsodie sur un thème de Paganini lui convient absolument. C’est incroyablement varié comme piano, c’est planant, dansant, révolté, rêveur, amoureux. Tout y est d’une vie pleine de sens. Le Hong-Kong Philharmonic très bien dirigé par Jaap Van Zweden sont des partenaires inventifs, nuancés et brillants. Cette pièce centrale dans le programme en est le point d’orgue, le sommet.

Alexandre Kantorow

Le pianiste flamboyant est tout sourire et très détendu offre un bis chantant, paraphrase de l’air Mon Cœur s’ouvre à ta voix de l’opéra Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns. Ce long légato associé aux ribambelles de notes perlées est un moment magique. Le public lui rend un vibrant hommage. Les applaudissements sont enthousiastes. Les marques de respect pour cet artiste à la carrière si considérable en dépit de son âge sont générales. Il vient d’être distingué une nouvelle fois aux Victoires de la Musique Classique. C’est en tout cas son rapport simple et directe au public comme à la musique qui fait la qualité la plus rare de ce musicien de l’absolu que nous avons tant de plaisir à écouter.  Cette année semble consacrée à sa carrière de concertiste, il y excelle…

C’est probablement en concertiste que nous le retrouverons ici même à Toulouse en mai… toujours avec les Grands Interprètes. N’oublions pas le chambriste généreux qu’il est également et la qualité si envoutante de ses récitals de piano…

En introduction le concert avait débuté par une courte pièce du compositeur Hong-Kongais Daniel Lo Ting-cheung. Pièce dans un style plaisant, sorte d’hommage à Prokofiev et Stravinski peut être. C’est brillant, agréable, presque facile. L’orchestre sous la direction avisée de Jaap Van Zweden brille de tous ces ors.

En deuxième partie de programme la première symphonie de Mahler a été offerte en toute magnificence par les interprètes du soleil levant. C’est un Mahler encore retenu dans l’expression des névroses du compositeur. Cette interprétation est presque entièrement solaire. L’orchestre avec vaillance s’engage dans cette symphonie exigeante et relève tous les défis. Tous sont impeccable de beauté sonore et de ductilité. Le chef reste hédoniste, soignant les équilibres, les nuances et livrant milles couleurs. A d’autres les vertiges d’humour noirs, les sarcasmes naissants et les troubles sous nageant. Ce beau concert a ravi le public. Si l’orchestre a brillé, c’est bien Alexandre Kantorow qui nous a fait chavirer le public.

Hubert Stoecklin

CRITIQUE. Concert. TOULOUSE. Halle-aux-Grains, le 28 février 2024. Daniel Lo Ting-cheung (né en 1986) : Asterismal Dance ; Serge Rachmaninov (1873-1943) : Rhapsodie sur un thème de Paganini, Op. 43 ; Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°1 « Titan » ; Alexandre Kantorow, piano ; Hong-Kong Philharmonic Orchestra ; Jaap Van Zweden, direction.