COMPTE-RENDU, critique opéra. TOULOUSE, le 4 mars 2020. DONIZETTI : L’Elixir d’amore. Amiel, Quatrini… Nous avons déjà dit tout le bien que nous pensons de cette admirable production de 2001 vue et revue avec un immense plaisir. Tout y est suprême élégance, respectant didascalies et toujours musicalement juste. La mise en abyme de la scène comme un immense appareil photo est captivante, la beauté des camaïeux de couleurs, des décors et des costumes, est subtile.
Le Sacre de Kévin Amiel
L’humour est de bon ton et la scène vit. Nous avons choisi de venir entendre la seconde distribution car elle comporte un ténor marquant découvert il y a peu : Kévin Amiel, âgé de 31 ans. Il joue aussi bien qu’il chante et nous offre un Nemorino tout de fragilité, de grâce simple et d’humour délicat. La voix est belle, sonore et conduite d’une manière exquise. L’émotion est vraie et l’émotion partagée avec la salle met la larme à l’œil de plus d’un (e) ….
Et ce, pas seulement parce qu’il est toulousain ; ce nom est à retenir il va gravir les plus hautes marches des maisons d’opéras dans le monde. Dans la Traviata, il avait été un Alfredo admirable ; un rôle comme Nemorino met en valeur ses qualités d’acteur, son jeu comique discret et de bon goût.
Le reste de la distribution ne démérite pas. Son Adina, Gabrielle Philiponet, est bien chantante, aimable garce qui gagne en profondeur quand elle accepte le piège de l’amour. Le Belcore de Ilya Silchukov est bien campé avec toute la suffisance nécessaire et une voix sonore. La faconde dont fait preuve Julien Veronèse en Dulcamara est hilarante.
Ce grand bonhomme suffisant, hâbleur et prétentieux qui va se transformer en un clown Auguste devient presque attachant. Le personnage est bien présent à la fois menteur et organisateur du bonheur d’autrui. La large voix, qui avait fait merveille dans Titurel il y a peu (Parsifal), se plie aux exigences de la vocalité délicate de Donizetti avec art. Un vrai potentiel comique est là pour bien des rôle italiens.
Les choeurs comme toujours sont très bien préparés par Alfonso Caïani, avec une vraie aisance scénique, qui ont été parfaits. L’Orchestre du Capitole est merveilleux, avec des solos de toute beauté. La direction de Sesto Quatrini est efficace ; elle équilibre parfaitement le comique et le presque drame.
Cela avance avec naturel, les équilibres sont favorables aux chanteurs, tout est agréablement mis en valeur. Car cette partition contient de vrais grands moments d’opéra tout en ménageant un comique délicat. Cette belle production méritait une reprise et le succès a été au rendez-vous. Kévin Amiel qui irradie en Nemorino va conquérir la planète de l’Opéra : préparez-vous à le suivre. À peine un mois après l’ HENAURME PARSIFAL dans cette salle, ce petit bijou a lui avec éclat. Excellente idée de Christophe Ghristi: du pur bonheur.
Illustration : © P Nin
Posté le par Hubert Stoecklin