le jeu subtil de Jan Bertos offre des émotions rares au public de Piano Jacobins

CRITIQUE, concert. TOULOUSE, Couvent des Jacobins, le 26 septembre 2023. KABELAC, JANACEK, SMETANA, J. BARTOS (piano).

Piano Jacobins a fait découvrir en première audition française un pianiste rare et précieux. Jan Bartos vient offrir au public trois pages majeures de la musique de son pays. Originaire de Prague il propose en début de concert les Huit préludes de Miloslav Kabelac. Ce compositeur inconnu en France a porté haut dans son pays un art musical varié. Symphonies, musique de chambre, musique de piano, musique religieuse il a abordé avec grand succès tous les genres. Ces huit préludes demandent au pianiste des moyens techniques considérables et une grande force expressive. Jan Bartos avec une énergie magnifique en offre une interprétation charpentée et très nuancée. Les couleurs sont vives, les nuances très creusées entre pianissimi diaphanes et fortissimi telluriques. C’est un magnifique piano extraverti et puissant.

Puis avec la sonate 1 X 1905 de Janacek c’est le drame, l’angoisse et la mort qui s’invitent. Jan Bartos avec une concentration extrême offre cette musique comme si sa vie en dépendait. Les prémonitions du premier mouvement avec des couleurs subtilement éclairées distillent une angoisse sourde. Puis le drame de la mort explose et nous terrasse. C’est vraiment avec une force dramatique peu commune que Jan Bartos nous interprète cette sonate ; il y met comme une revendication. L’hommage de Janacek a cet ouvrier, Frantisek Pavlik, jeune victime de la tyrannie d’état, semble vivifié par cet interprète si engagé.

La dernière œuvre au programme, toujours de musique Tchèque détend l’ambiance avec des partitions très subtiles de Smetana. Dreams permet au pianiste d’utiliser des touchers plus subtils avec une grande variété de nuances. C’est vraiment très poétique et très beau.

Ce programme concentré sur la musique Tchèque permet à Jan Bartos de démontrer bien des qualités magnifiques. Cet artiste encore inconnu en France et que sa carrière internationale va conduire aux États-Unis a un nom à retenir. Une telle hauteur de vue, un tel engagement sont des qualités aussi rares que précieuse. Le public applaudit généreusement et obtient un beau bis: un extrait du sentier herbeux de Janacek.

lien vers une vidéo de réminiscences

Merci à Catherine d’Argoubet d’avoir fait découvrir Jan Bartos, un artiste considérable, au public de Piano Jacobins.

Hubert Stoecklin

CRITIQUE, concert. TOULOUSE, 44ème Festival Piano aux Jacobins / Cloître des Jacobins, le 26 septembre 2023. Miloslav Kabelac (1908-1979) : Huits Préludes op.30 ; Leos Janacek (1854-1928) : Sonate 1 X 1905 en mi bémol mineur ; Bedrich Smetana (1824-1884) : Dreams. Jan Bartos, piano. 

Photos (c) Piano Jacobins.

Piano Jacobin invite le grandiose piano américain de Mc Dermott

CRITIQUE, concert, TOULOUSE, Couvent des Jacobins, le 13 septembre 2023. SCHUBERT, A.M. Mc Dermott (piano).

Anne-Marie Mc Dermott la brillante

Et ce concert est déjà le sixième de cette 44e édition de piano Jacobins. L’américaine Anne-Marie Mc Dermott dans un programme tout Schubert avec deux vastes sonates la D 850 et la D960 propose son jeu intense et brillant au public toulousain. Tout dans sa personnalité et son jeu est lumière, ses rythmes sont serrés et les accords répétés prennent un caractère obsédant et parfois violent. Des sortes d’à-coups font avancer d’avantage que des phrasés profonds. C’est un Schubert très « pianistique » qui nous est proposé ce soir. La générosité des sonorités, toujours éclatantes, donne un caractère victorieux aux deux sonates. Les répétitions amplifient le propos. Les nuances sont plutôt forte et les piani rares. Ce jeu très maitrisée et extraverti à la fois donne un coté guindé aux partitions. Point de recherche de caractère populaire aux Ländler, les divines longueurs sont plutôt vivifiées que mélancoliques. 

Anne-Marie Mc Dermott ne s’autorise pas de rubato ou de souplesse, elle met beaucoup de rigueur et de poids dans les phrasés. Ce Schubert est particulièrement solide et sonore. Le public a apprécié la vigueur de ce jeu et l’intensité qui s’en dégage. Les applaudissements sont nourris et deux bis sont obtenus. D’abord un extrait vif et brillant d’une suite anglaise de Bach. C’est dans ce répertoire au disque que la réputation de la pianiste américaine s’est assise en 2005. Puis le Lied Wiedmung de Schumann revu par Liszt dans lequel le chant s’efface devant la virtuosité.

En ambassadrice de la brillante école américaine, Anne-Marie Mc Dermott a séduit le public de Piano Jacobins ce soir.

Hubert Stoecklin

Lien video vers Bach

CRITIQUE, concert. TOULOUSE, 44ème Festival Piano aux Jacobins / Cloître des Jacobins, le 13 septembre 2023. Frantz Schubert (1797-1828) Sonates en ré majeur D850 et en si bémol D960. Anne-Marie Mc Dermott, piano.  Photos (c) Hubert Stoecklin

SPLENDIDE OUVERTURE DE PIANO AUX JACOBINS

CRITIQUE, concert, TOULOUSE, le 6 septembre 2023. Schumann, Liszt, Brahms, Scriabine, G. Gigashvili.

Une ouverture en fanfare !

Pari gagné et c’est un public très nombreux qui est venu fêter l’ouverture des 44 ans de Piano Jacobins. Cette ouverture se fait avec le choix de la grande jeunesse. Car le pianiste géorgien Giorgi Gigashvili n’a que 22ans. Auréolé de nombreux prix il est venu se présenter au public toulousain avec une partie du programme du Concours Géza Anda ou il a été primé ( lien vers Liszt et Brahms) . Le concert a débuté avec Kreisleriana de Schumann, et dès les premières notes se remarquent des contrastes puissamment mis en lumières.

Les moyens pianistiques sont considérables autorisant des nuances très impressionnantes. Les contrastes parfois abrupts donnent beaucoup de vigueur à son Schumann. Puis le mystérieux début de la sonate en si mineur de Liszt est bien rendu et c’est ensuite un piano athlétique et puissant qui se déploie. Les nuances toujours extrêmes sont impressionnantes. La virtuosité est assumée avec panache. Ce piano conquérant est vivifiant et souvent on devine le plaisir qu’a l’interprète dans la modernité de la partition qu’il souligne et met en valeur dès qu’il le peut. C’est très athlétique assurément ! Dans les intermezzi de Brahms, pris dans un tempo allant, le pianiste géorgien ne nous convainc pas vraiment, il manque tout un pan de poésie et de délicatesse de phrasé à ces pages délicates. Le jeu est élégant mais l’interprétation est trop discrète. Pour finir ce programme généreux le jeune musicien choisi une partition spectaculaire de Scriabine. Cette 9ème sonate est assez courte. Elle nous permet de retrouver une virtuosité éclatante qui convient bien aux doigts agiles de Giorgi Gigashvili. A nouveau cette puissance digitale impressionne.

Le public conquis acclame le jeune pianiste et obtient un bis de sa composition sur un thème populaire. Voilà une belle ouverture pour cette 44ème édition de Piano Jacobins. Ce concert évenement a été retransmis par France Musique

Hubert Stoecklin

CRITIQUE,concert.44ème FESTIVAL PIANO JACOBINS. Cloître des Jacobins, le 6 septembre 2023. Robert Schumann (1810-1856) : Kreisleriana op. 16 ; Frantz Liszt (1811-1886) : Sonate pour piano en si mineur S 178 ; Johannes Brahms (1833-1897) : 3 intermezzi op.117 ; Alexandre Scriabine (1871-1915) : Sonate n°9, messe noire op.68 ; Giorgi Gigashvili, piano.

Photos : DR