Musique en dialogue aux Carmélites Honore Jean De La Fontaine

CRITIQUE concert. TOULOUSE. CHAPELLE DES CARMELITES. Le 18/07/2021. LE BESTIAIRE BAROQUE DE LA FONTAINE. ENSEMBLE FAEZA. M. HORVAT.

Crédit Photos : J.J. Ader

Nous fêtons cette année le quatre-centième anniversaire de naissance de Jean de La Fontaine. Musique en dialogue aux Carmélites consacre sa saison à cet événement avec cinq concerts. L’Ensemble Faeza dirigé par Marco Horvat est à géométrie variable et se réclame du chant auto accompagné. Seule la claveciniste reste sur son unique instrument.

Ce concert d’un étonnant Bestiaire Baroque fait la part belle aux textes des fables de La Fontaine. Les musiciens des XVII et XVIII ièmes siècles n’ont pas tari de références à la nature sous toutes ses formes. Nous retrouvons parmi les plus célèbres compositeurs François Couperin et Marin Marais, les plus rares sont par exemple Jacques-Martin de Hautteterre, François Campion, Jean-Baptiste Drouart de Bousset. Tous ces compositeurs ont beaucoup d’esprit et une fantaisie débridée pour illustrer la nature. L’agencement du concert est habile et Marco Horvat et son équipe rivalisent de bonne humeur et de fantaisie. Ce projet de chant accompagné est très baroque en lui-même et permet aux cinq musiciens des effets très variés. Chant seul a capella, chant accompagné, polyphonies, pièces pour clavecin seul, pièces instrumentales, pièces pour voix et instruments,  tout se complète avec art pour nous offrir un voyage très instructif dans ce bestiaire baroque. Les fables de La Fontaine parfois très rares portent toujours aussi haut qu’à leur création leurs précieux messages. Celle qui ouvre le concert des « grenouilles qui demandent un roi » peut avoir une allure très contemporaine.

L’esprit est donc l’élément marquant de ce concert. Chaque musicien se distingue par sa finesse, sa virtuosité et son partage généreux.  Les deux sopranos Olga Pitarch et Sarah Lefeuvre sont des diseuses délicates avec des voix très musicales et très pures. Marco Horvat a une voix de baryton naturelle avec une diction admirable. Les flûtes et la cornemuse sont très agréables et évoquent un coté champêtre très bien venu. Le clavecin donnant la couleur aristocratique qui revient à La Fontaine homme de cours.

La Chapelle des Carmélites demeure un écrin idéal pour des concerts si subtils entre mots et notes.

D’autres concerts seront consacrés par Musique en Dialogue au grand La Fontaine dont on ne peut se lasser de la sagesse aujourd’hui comme de tous temps. Que n’avons nous un La Fontaine pour nous parler, grâce à nos amis les animaux, de nos réactions parfois si insensées face à un certain virus venu de Chine ?

Hubert Stoecklin

Le fable à méditer

Critique concert. Toulouse. Chapelle des Carmélites, le 18/07/2021. Musique en dialogue aux Carmélites. Le Bestaire Baroque de Jean de Lafontaine. Musiques diverses des XVII et XVIIIe siècles.

Ensemble Faenza, direction Marco Horvat ; Sarah Lefeuvre, chant et flûtes ; Hermine Martin, flûtes et musette ; Olga Pitarch, chant, danse et ottavio ; Ayumi Nakagawa, clavecin ; Marco Horvat, chant, archiluth et guitare.

L’ ELEKTRA terrassante de Michel Fau !

Compte rendu opéra ; Toulouse. ;  Théâtre du Capitole,  les 2  et 4 Juillet 2021 ; Richard Strauss (1864-1949) : Elektra ; Tragédie  en un acte ; Livret  de Hugo von Hofmannsthal ; Création  le 25 janvier 1909 au Semperoper de Dresde ; Michel Fau,  mise en scène ; Hernán Peñuela,  scénographie ; Phil Meyer,  sculpture et peinture ; Christian Lacroix,  costumes ; Joel Fabing,  lumières ; Ricarda Merbeth : Elektra ; Johanna Rusanen : Chrysothémis ; Violeta Urmana : Clytemnestre ; Matthias Goerne :  Oreste ; Frank van Aken : Égisthe ; Sarah Kuffner : La Confidente, la Surveillante ; Svetlana Lifar,  Première Servante ; Grace Durham,  Deuxième Servante ; Yael Raanan-Vandor :  Troisième Servante, La Porteuse de Traîne ; Axelle Fanyo : Quatrième Servante ; Marie-Laure Garnier : Cinquième Servante ; Valentin Thill : Un Jeune Serviteur ; Barnaby Rea,  Le précepteur d’Oreste ; Thierry Vincent : Un vieux Serviteur ; Zena Baker, Mireille Bertrand, Catherine Alcoverro, Judith Paimblanc, Biljana Kova, Stéphanie Barreau : Six servantes ; Orchestre National du Capitole ; Chœur du Capitole, Alfonso Caiani  direction; Frank Beermann,  direction musicale

Cette réouverture à un spectacle lyrique complet était tant attendue que les chances de nous satisfaire étaient mises à rude épreuve. Mais le Capitole est une grande maison et avec toutes ses forces sous la direction avisée de Christophe Gristi elle a produit un chef d’œuvre, un spectacle total comme il arrive peu de fois dans une vie lyrique de la vivre. J’ai du voir deux fois ce spectacle pour en approcher la richesse et la complexité. Extraordinaire travail d’équipe. Mise en scène très aboutie de Michel Fau, entouré d’artistes merveilleux, distribution parfaite, orchestre somptueux et chef survolté.

Toute l’ « affaire » Elektra est soumise à son père Agamemnon. Son lien morbide hystérique à son père est fatal on le sait. Jamais il n’a été si fortement maladif, car Elektra dans cette production porte une robe de mariée…

Toutes le photos sauf celle de la Statue dans l’escalier sont de Mirco Magliocca.

Ricarda Merbeth (Elektra) © Mirco Magliocca

On voit sur cette photo le jeu extraordinaire de Riccarda Merbeth très expressive avec  ses regards hallucinés . On voit également le grand corps malade et abattu après avoir été mutilé du Roi  Agamemnon. Riccarda Merbeth EST ELEKTRA. Voix colossale, jeux expressifs, endurance , elle a tout.

Cette extraordinaire présence est due à l’art de Phil Meyer qui signe également le rideau de fond de scène. Une statue plus petite mais érigée accueillait, si l’on peut dire,  les spectateurs au haut du grand escalier du Capitole.

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L’ idée de cet Agamemnon qui prend toute la place physiquement permet de comprendre combien  le monde intérieur d’Elektra est envahi.

Tous les autres personnages sont gênés par cette statue abattue mais si envahissante. Egisthe ira jusqu’à y trébucher dangereusement.

Les autres rôles sont distribués à la perfection.

La Chrisothémis de Johanna Rusanen  est  » HENORME » . Véritable sœur d’Elektra elle pourra en assumer le rôle bientôt. Voix puissante et charge expressive impressionnante.

La rivalité entre les sœurs en devient mortelle.

Ricarda Merbeth (Elektra), Johanna Rusanen (Chrysoth‚mis) © Mirco Magliocca

La terrible mère qui ne sait comment vivre après son crime est Violetta Urmana, dans une somptueuse robe rouge, elle vocifère, écarlate de colère et de honte.

Violeta Urmana (Clytemnestre) © Mirco Magliocca

L’affrontement Mère-fille est épouvantable à souhait

Elektra Capitole Toulouse Tragedie Blanc Rouge
ELEKTRA 7

Le seul moment de tendresse en devient bouleversant par la présence si digne d’Oreste. C’est l’immense Matthias Goerne qui fait une prise de rôle magistrale.

Ricarda Merbeth (Elektra), Matthias Goerne (Oreste) © Mirco Magliocca

Les costumes de Lacroix sont tous, comme espérés, absolument somptueux.

L’orchestre placé en fond de scène est d’une présence terrible mais la direction magistrale de Frank Beermann  évite toute mise en danger des voix.

Aux saluts le dispositif complet :

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Un spectacle magistral je vous dis.

Hubert Stoecklin 

Critique détaillée sur Classiquenews.com

Il sera possible d’écouter cette version historique sur France Musique.


Théâtre du Capitole

Elektra 2021