Compte-rendu concert.Toulouse.La
Halle-aux-Grains,les 19 et 20 décembre 2018. John Williams (né en 1932)
et Michael Giacchino (né en 1967): STAR WARS musique de la Saga de
Georges Lucas. Orchestre National du Capitole de Toulouse. Tugan
Sokhiev, direction.
Avec Tugan Sokhiev le public décolle dans l’univers de Star Wars
Deux concerts événements à Toulouse
probablement uniques en France car entièrement consacré à la musique de
Star Wars. John Williams est un immense compositeur dont la science et
le génie dépassent la seule musique de film. La qualité des partitions
écrites pour Star Wars lui a valu l’admiration du monde entier et une
célébrité intergalactique.
Le jeune Michael Giacchino a emboité les
pas de son ainé avec admiration et respect de son style mais pas avec
le même génie mélodique ou rythmique dans Rogue One. Les concerts ont
donc été entièrement consacrés à la musique de Star Wars en passant par
tous les opus ou presque. Il manquait en tout cas le 3 qui réclame très
souvent des chœurs. Et ce sera ma demande devant le succès inouï et
l’excellence du résultat. Que le prochain concert SW soit bientôt fait
avec le chœur du Capitole. Car les partitions de John Williams avec
chœur, très spectaculaires dans l’épisode 3, sont toutes également très
belles. Le succès a été gigantesque, 2 concerts hors abonnement à
guichets fermés, dans la salle des générations mêlées, des petits enfant
aux grands parents quatre générations de fans de Star Wars se sont
régalés. Le public de la Halle-aux-grains a été rajeuni de 40 ans avec
un grand nombre d’enfants tous attentifs parfois bouche bée. Et oui ce
public nouveau pour l’orchestre est son avenir. Il ne sera pas possible à
ce nouveau public d’oublier l’excellence de l’orchestre du Capitole et
la passion avec laquelle ils l’ont jouée sous la direction miraculeuse
de Tugan Sokhiev. La musique de John Williams encore plus émouvante et
plus belle que dans les enregistrements qu’il a dirigés.
Pour en savoir d’avantage sur ces deux concerts l’émission d’Eric Duprix à la minute 27’20 » de son émission Mélomanie op.57 reviens sur eux, et j’y étais !
COMPTE RENDU, concert. TOULOUSE, le 8 déc 2018. Lopez. Korngold. Stravinski. Akiko Suwanai. Orch Nat du Capitole / K Mäkelä.
COMPTE RENDU, concert. TOULOUSE, le 8 déc 2018. Lopez. Korngold. Stravinski. Akiko Suwanai. Orch Nat du Capitole / K Mäkelä.
Parmi les chefs invités par l’Orchestre du Capitole, il y en a de
toutes sortes. Ce n’est pas fréquent qu’un chef aussi jeune, 23 ans ,
fasse une impression aussi consensuelle et évidente sur d’autres
qualités que la jeunesse. Le très jeune chef finlandais Klaus Mäkelä est
déjà un très grand chef. Il est nommé à Oslo l’année prochaine, hélas
pour le reste du monde car il sera très pris et a dû renoncer à des
engagements (dont deux concerts à Toulouse prévus la saison prochaine).
Les génies de la baguette sont rares et les plus audacieux ont su se
l’attacher. Qu’apporte ce chef de si génial ? Une autorité bienveillante
et naturelle, des gestes très clairs et dont la souplesse révèle une
belle musicalité. Cet artiste est également un violoncelliste de grand
talent ! La précision de la mise en place, la clarté des plans sont
sidérantes.
Klaus Mäkelä, jeune maestro superlatif
Le génie n’attend pas le nombre des années
Il encourage l’orchestre et ne le bride
pas. Il faut dire que l’Orchestre du Capitole atteint un niveau
d’excellence qui permet à un chef musicien d’atteindre de suite des
sommets.
La première pièce du concert est une nouveauté pour le public comme pour l’orchestre, une pièce en forme de poème symphonique de Jimmy Lopez.
La difficulté est comme un jeu entre le chef et l’orchestre qui dans
une véritable flamboyance de chaque instant nous régale. Pourtant le
propos du compositeur est polémique car il parle de l’esclavage qui a
conduit les victimes à inventer des instruments et un style musical avec
les moyens du bord. L’homme est incroyablement créatif dans l’adversité
et la souffrance. Ainsi en fine suggestion plusieurs instruments à
percussion ont intégré ceux d’un grand orchestre symphonique gagnant
ainsi leurs titres de noblesse. La mâchoire d’âne étant la plus
singulière et la plus emblématique de ce génie humain dans le malheur.
Magnifique œuvre mettant donc en valeur tous les pupitres de l’orchestre
et la technique impeccable des musiciens et du chef. Les rythmes
populaires intégrés permettant rubato et swing à l’envie.
Soliste
invitée, la violoniste Akiko Suwanai, toute d’élégance féminine
bleutée en une robe de ciel étoilé, a auréolé la salle de son charme.
Le violon dont elle joue a appartenu à un prince, un poète du violon,
Jascha Heifetz. Elle retrouve les qualités esthétiques faites de pureté
de son, de grain noble du timbre et d’un exquis moelleux des lignes,
comme le maestro et ce fameux « Dolphin » de 1714. L’interprétation du Concerto pour violon de Korngold
est lumineuse, planante et délicatement phrasée. Tout coule et rien ne
fait aspérité. Peut être un léger manque de contraste et d’émotion
peuvent diminuer l’intense plaisir hédoniste que le jeu de la violoniste
offre au public. En bis, la violoniste offre avec une déconcertante
facilité, le final de la Sonate pour violon seul d’Ysaÿ mêlant Bach et
le Dies Irae.
Après l’entracte, le chef dirige avec un réel plaisir communicatif la pièce de Stravinski qu’il préfère, Petrouchka.
Il faut reconnaître que son interprétation est marquée par une
confiance absolue et une solidité remarquable. Rien ne vient ternir une
énergie invincible. L’orchestre du Capitole répond comme un seul à cette
direction précise et le résultat est particulièrement lumineux et même
éclatant. Chaque instrumentiste est parfait. Il manque juste un peu de
farce et d’humour à ce ballet facétieux et même mélancolique en second
degré. Pour l’heure, le chef finlandais est tout à son admiration pour
cette partition exubérante, haute en couleurs, et pour les qualités de
l’orchestre du Capitole très à l’aise dans ce répertoire.
Avec le temps viendront le sens du théâtre et le burlesque que Stravinski a mis dans sa partition qui à l’origine est un ballet.
Un très beau concert qui révèle les
qualités d’un véritable génie de la baguette et la confirmation de
l’exceptionnelle virtuosité de la violoniste nippone. De son côté, notre
Orchestre du Capitole poursuit son excellence comme partenaire
idéal des plus grands musiciens.
Le jeune maestro travaille avec le Turku Music Festival, le Tapiola Sinfonietta. Il est chef principal invité du Swedish Radio Symphony Orchestra, et deviendra à partir de la saison 2020 / 2021 (dès septembre 2020) : directeur musical du Philharmonique d’Oslo / Chief Conductor & Artistic Advisor: Oslo Philharmonic Orchestra – une personnalité désormais à suivre, héritier d’une déjà riche tradition de chef finnois. En particulier dans le cycle des symphonies de son compatriote Sibelius, immense génie symphoniste encore trop peu joué…