Tarmo Petolkovski réveille le public toulousain

CRITIQUE, concert. TOULOUSE, le 21 octobre 2022. Concert symphonique. R. VAUGAN-WILLIAMS. E. W. KORNGOLD. D. CHOSTAKOVITCH. ONCT. C. HOOPES, violon. T. PELTOKOSKI. 

Tarmo Peltokovski le génie à l’état pur et il n’a que 22 ans !

Quels contrastes ! A une semaine d’intervalle la Halle-Aux-Grains a été réveillée tant coté orchestre que public par un jeune chef de 22 ans. Parcourue par un frisson la salle a été subjuguée par le contraste entre les deux parties de concert. D’abord avec le violoniste Chad Hoopes le jeune chef a créé un duo de rêve, de songe doux, de musique pure dans des nuances sublimissimes de délicatesse. Le jeu de Chad Hoopes est d’une subtilité inimaginable. Tout est ligne de chant de bel canto, les nuances sont incroyablement creusées avec des pianissimi célestes. Dans la courte pièce de Vaughan-Williams, l’envol de l’alouette, il semble sur un fil d’or pouvoir créer le son d’un songe. C’est si délicat et si beau que l’émotion monte en nous. La beauté peut faire pleurer ! Dans le Concerto de Korngold il assume la dimension post romantique allant jusqu’à du pré hollywoodien. C’est incroyablement large, un chant plus verdien voir vériste. Car toujours avec son violon il chante, chante, chante. Le chef finlandais obtient de l’orchestre avec une autorité sidérante un jeu de nuances incroyable et une osmose sans pareil avec le soliste. C’est absolument merveilleux cet accord musical presque fusionnel entre les deux artistes et l’orchestre. Le public conquis fait un triomphe au violoniste si subtil et s’abstient après tant de grâce de demander un bis qui n’aurait pu qu’être vulgairement obtenu.

Pour la deuxième partie du concert l’orchestre s’étoffe comme la partition le réclame. La cinquième symphonie de Chostakovitch nous est bien connue à Toulouse. Tugan Sokhiev a fait aimer Chostakovitch au public comme à l’orchestre et il a joué plusieurs fois cette symphonie dans cette salle. La manière dont Tarmo Peltokoski s’empare de cette vaste partition laisse sans voix. Dirigeant par cœur, il donne une puissance incommensurable à la charge que contient cette partition subtile de Chostakovitch. Sous une facilité formelle apparente, avec des thèmes simples, des harmonies prévisibles, des nuances très marquées et une richesse d’orchestration diabolique Chostakovitch se moque de la censure qui l’avait si terriblement traumatisé avec les remarques acerbes sur sa Lady Macbeth de Mnensk.

Tarmo Peltokoski est effrayant de rigueur, d’audace et d’efficacité. Si son allure a quelque chose d’un premier de classe lorsqu’il entre en scène, il se transforme en un démiurge lorsqu’il dirige. Il est bien rare d’être saisi ainsi au collet par un chef de cette trempe à Toulouse. Ce concert en rattrape bien de trop calmes. Car ce soir tout est bourrasque, tempête, tonnerre et fin du monde. Au dernier accord le public hurle des bravos et une bonne partie de la salle se lève. Le public a vécu un moment rare et l’orchestre tout autant. Tous font un véritable triomphe à ce génie de la baguette de 22 ans !

Le concert est annoncé sur Medici TV et prévu sur Mezzo-Live le 28 octobre 2022, c’est à voir absolument ! Vous n’en croirez pas vos yeux ni vos oreilles, même derrière un écran !

Hubert Stoecklin

CRITIQUE, concert. Toulouse. La Halle-aux-Grains, le 21 oct. 2022. Concert symphonique. Ralph Vaughan-Williams (1872-1958): The Lark ascending ; Erich Wolfgang Korngold (1897-1957) : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op.45 ; Dimitri Chostakovitch (1906-1975): Symphonie n°5 en ré mineur op.47 ; Chad Hoopes, violon. Orchestre National du Capitole ;  Tarmo Peltokoski, direction. Photo : © Romain Alcaraz.