Concert final à Salon

CRITIQUE, concert, Salon, le 5 Aout 2023, Granados, Farrenc, Debussy, Spohr, Pahud, Mayer, Braley, Lomeiko, Leleux, Tourret.

Un Final en fête pour la trentième édition du Festival

Pas de doute pour terminer en beauté la trentième édition c’est le nombre qui a été le mot d’ordre. Le plus de musiciens amis possible sur scène dans des œuvres originales et rares. Quelle fête du beau son, de l’émotion et du style ! Le quintette de Granados avec piano et cordes est une œuvre solaire, et heureuse. Elle ouvre le concert avec audace.

Franck Braley au piano est certes masqué (quelque méchant virus ?) mais en pleine forme et son piano sera généreux, vif et ingénieux. Le violon de Natalia Lomeiko est une force qui avance toujours avec panache. Lilli Maijala à l’alto est souveraine du beau son. Marie Viard au violoncelle a le regard partout pour soutenir un collège, chanter à tue-tête, ou dialoguer avec exactitude. En deuxième violon Yuri Zhislin ne s’en laisse pas conter et est très présent.    Le premier mouvement d’une énergie débordante avance avec une force commune épatante, le mouvement lent avec le violon en sourdine pour commencer a toute la magie requise en ce moment de lumière qui descend. C’est un moment très beau sous le ciel provençal. Le final avec ses variations qui mettent en valeur chaque musicien a une allure de galop dansant endiablé. Les cinq musiciens sont applaudis de belle manière.

Une autre équipe de corde set tous les vents se retrouvent pour le Nonette de Louise Farrenc. Œuvre absolument géniale qui est une sorte de petite symphonie pleine d’esprit. Pour mémoire c’est cette composition qui a décidé la direction du Conservatoire de Paris de lui donner le même salaire que ses collègues hommes, comme professeur de piano ! Le charme de cette œuvre est sans égal, c’est élégant, bien charpenté et plein de délicieuses trouvailles. Chaque musicien a son moment de gloire et l’ensemble est plein de force. Le charme des bois français est élégant. Emmanuel Pahud, François Leleux et Paul Meyer sont des complices qui savent trouver une harmonie parfaite. Lisa Batiashivili a un violon lumineux qui survole aisément les phrases.

L’alto de Gareth Lubbe met une chaleur bienvenue dans l’ensemble et le violoncelle de Claude Bohorquez semble plein de bonheur. Gilbert Audin au basson soutient les autres bois ou les cordes avec le même bonheur et dans ses solos nous livre une qualité de son peu commune. La contrebasse d’Olivier Thiery donne toute sa solidité à l’ensemble avec un vrai bonheur.

Le plaisir des musiciens se lit dans leurs attitudes et le public charmé fait une ovation aux 9 musiciens. Voilà assurément une œuvre qui mérite de prendre plus de places dans les concerts.

En deuxième partie l’installation de la harpe, à la nuit tombée, apporte un peu de magie et suscite les interrogations du public. Entendre de la harpe à Salon c’est inhabituel. Les Danse sacrée et profane pour harpe de Debussy peuvent être accompagnée par plusieurs formations. Le quatuor à cordes est choisi ce soir. L’effet est magique, hors du temps et de l’espace. La harpe subtile d’Ananëlle Tourret a un charme indéfinissable et le soutient des cordes est à la fois chaleureux, discret et réconfortant. C’est un très bel équilibre qui est construit devant nous et le public complètement sous le charme applaudit avec joie à cette partition si originale et si agréablement présentée.

En final du final le Nonette de Spohr est un moment de partage de bonheur irrésistible. On peut compter sur la fine équipe du festival pour nous faire exulter. Cette musique charmante, entrainante et si bien écrite est une bénédiction et nos musiciens sont si heureux de la jouer ensemble qu’ils se dépassent et nous enchantent. Un vrai bonheur en musique ! Belle fin pour cette belle édition du Festival du Salon de Provence , oui les meilleurs solistes du monde étaient là ! Bravo aux artistes et à un public nombreux ce soir !

Hubert Stoecklin

Critique. Concert. 30 ième Festival de Salon de Provence, Château de l’Empéri, le 5 Aout 2023 ; Enrique Granados (1867-1916) : Quintette en sol mineur op.59 ; Louise Farrenc (1804-1875) : Nonette en mi bémol majeur, op.38 ; Claude Debussy (1862-1918) : Deux danses. Danse sacrée et dans et danse profane ; Louis Spohr (1784-1859) : Nonette en fa majeur ; Natalia Lomeiko, Yuri Zhilslin et Lisa Batiashvili, violon ; Lilli Maijala et Gareth Lubbe, alto ; marie Viard et Claude Bohorquez, violoncelle ; Olivier Thiery, contrebasse ; Emmanuel Pahud, flûte ; François Leleux, hautbois ; Paul Meyer, clarinette ; Gilbert Audin, basson ; Benoit de Barsony, cor ; Anaëlle Tourret, harpe ; Franck Braley, piano.

Photos : Aurelien Gaillard