Musique en dialogue aux Carmélites tient bon !

Compte- rendu concert. Toulouse. Chapelle des Carmélites, le 29 août 2020.

BACH père et fils. Musiques de Johann Sebastian Bach (1685-1750) ; Wilhelm Friedemann Bach (1710-1784) ; Carl Philippe Emmanuel Bach (1714-1788) ; Georg Philipp Telemann (1681-1767) ; Dietrich Buxtehude (1637-1707) ; Ensemble FILIGRANE ; Etienne Mangot, violoncelle et viole de Gambe ; Franck Marcon, clavecin ; Laurent Montel, comédien.

Crédit Photo : J.J. Ader

Bach en famille, quels tempéraments !!

Catherine Kauffmann-Saint-Martin est la directrice artistique de Musique en Dialogue aux Carmélites. Si son caractère bien trempé a su en faire une attachée de presse exceptionnelle, ses qualités de détermination et de professionnalisme lui sont bien utiles afin de maintenir la saison des concerts de fin d’été de Musique en Dialogue aux Carmélites.  On ne rappellera pas les concerts reportés, annulés, déplacés, modifiés, les tractations avec les autorités administratives, sanitaires…

Quoi qu’il en soit le résultat est là et c’est l’émotion dans la voix et les larmes au bord des yeux que nous avons pu participer à ce premier concert de cette belle série 2020.

Il sera étonnant lors de ce premier concert de constater combien le monde change si peu !

Dans un voyage plein d’humour nous avons embarqué pour un dialogue entre la musique de Jean-Sébastien Bach, de ses fils et des textes plutôt modernes et pourtant tirés  de lettres, notes et comptes- rendus d’époque. Et il n’y a qu’un Jean-Sébastien Bach dans l’humanité : le père fondateur de toute la musique occidentale, qui en a fait à la fois la synthèse et le renouvellement dans des développements et des avancées fantastiques.

Nous sommes tous confondus d’admiration pour ce génie qui a su écrire pour tous les instruments et tous les genres musicaux. Puiser dans son catalogue est toujours passionnant ce que confirment bien des extraits interprétés ce jour.

Mais quelle surprise ! L’administration allemande du XVIIIe siècle et celle de France aujourd’hui n’ont rien à s’envier pour leur exigences tatillonnes face au génie. Le second degré de ses dialogues entre les rapports administratifs allemand et la situation actuelle en France avait un goût légèrement amer.

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Les trois artistes, photo de J.J. Ader

Mais je remercie donc les artistes de n’avoir pas cherché à gommer l’aspect insupportable des textes administratifs et de les avoir livrés tels quels.  La musique du Cantor de Leipzig n’en était que plus majestueuse, vivifiante, inventive et au final délicieuse. L’administration est intemporelle et peut être une plaie pour le bonheur de vivre.

Il y avait deux musiciens mais en fait trois instrumentistes car Etienne Mangot joue non seulement magnifiquement du violoncelle baroque mais également de la Viole De Gambe. Cet artiste nous le connaissons bien pour sa participation tout à fait remarquable dans l’orchestre des passions baroques de Jean-Marc Andrieu. Il est extrêmement à l’écoute de son partenaire, le claveciniste Franck Marcon.

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Etienne Mangot à la viole de gambe et Franck Marcone au clavecin , photo : J.J. Ader

Les regards précis et attentifs entre les deux musiciens sont un enchantement de chaque instant. Les choix musicaux sont excellents, évidemment Jean-Sébastien Bach est majoritaire et les musiques de ses fils sont de belles factures sans toutefois atteindre au génie du père. Buxtehude, le maître et Telemann le collègue sont également présents à bon escient.

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Franck Marcone, photo de J.J.Ader

Ce spectacle, créé ce jour sous nos yeux, a bien des qualités ; il représente un moment absolument délicieux pour commencer une reprise de concerts en douceur. Qui mieux que Bach et ses fils pouvaient ainsi nous réconforter ?

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Etienne Mangot au violoncelle, Photo de J.J. Ader

La voix sonore de Laurent Montel tour à tour autoritaire, moqueuse ou pleine de second degré  a permis de mettre en lumière le génie de Bach qui a été mis à mal par l’adversité mais a tenu face à toutes sortes de difficultés matérielles et la médiocrité ambiante.  De même les organisateurs de spectacles aujourd’hui ne se laisseront pas mettre à mal par des règles administratives parfois peu claires, injustes et liberticides. Ce premier concert de la saison de musique en dialogue est un franc succès et le public a très chaleureusement applaudi les artistes. Longue vie à la musique, tout particulièrement au si intéressant concept de musique en dialogue aux Carmélites et  mort rapide  à la Coronaconnerie !!!

Hubert  Stoecklin

Musique en dialogue aux Carmélites