Ariane à Naxos somptueuse

COMPTE-RENDU, opéra. TOULOUSE, Capitole, le 1er Mars 2019. R.STRAUSS: Ariane à Naxos ( nouvelle production). Fau, Belugou, Fabing, Hunhold, Savage, Morel, Sutphen. Orch National du Capitole. E.ROGISTER, Direction.


Production géniale de L’ Ariane à Naxos de Strauss/Hofmansthal à Toulouse.

Donner l’opéra le plus élégant de Richard Strauss et Hugo von Haufmannstahl, le plus exigeant au niveau théâtral avec des voix hors normes, toutes surexposées, est une véritable gageure que Christophe Ghristi, nouveau directeur de l’auguste maison toulousaine, relève avec brio. Il a trouvé en Michel Fau l’homme de théâtre respectueux de la musique, capable de donner vie à Ariane à Naxos en un équilibre parfait entre théâtre et musique, entre le prologue et l’opéra lui-même.

J’ai toujours jusqu’à présent trouvé que la partie musicale dépassait le théâtre et que des deux parties l’une dominait l’autre. Au disque la musique sublime de bout en bout de l’opéra s’ écoute en boucle et sans limites, à la recherche de timbres rares et de vocalités exactes. A la scène souvent le prologue est trop ceci ou pas assez cela et en fait ne convainc pas et trop souvent et comme l’opéra peut s’enliser. Pourtant je parle de productions au Festival d’ Aix ( Avec l’Ariane de Jessye Normann) ou Paris (Avec la Zerbinetta de Natalie Dessay)… Je dois dire que ce soir le travail extraordinairement intelligent et délicat de Michel Fau mériterait une analyse de chaque minute.

L’humour est d’une subtilité rare et sur plusieurs plans. La beauté des costumes ( David Belugou) et des maquillages ( Pascale Fau) ajoutent une élégance rare à chaque personnage quelque soit son physique. C’est également David Belugou qui a réalisé deux décors intelligents et qui éclairés avec subtilité par Joël Fabing semblent bien plus complexes et profonds qu’ils ne sont. Il est rarissime de trouver à l’opéra travail théâtral si soigné dans un respecte absolu de la musique. Dans la fosse les instrumentistes de l’orchestre du Capitole choisis pour leur excellence jouent comme des dieux sous la baguette inventive et vivante d‘Evan Rogister. Il aborde par exemple le prologue de l’opéra avec une allure presque expressionniste et sèche avant de colorer toute la subtile orchestration de Strauss avec le poids exact. N’oublions pas que les 38 instrumentistes demandés par Strauss sont évidement de parfaites solistes ou chambrites mais ensemble ils sonnent comme un orchestre symphonique complet dans le final. Que dire des chanteurs à présent ?

Ayant chacun les notes incroyables exigées et des timbres intéressants, dans un tel contexte, ils n’ont qu’à chanter de leur mieux pour devenir divins dans un environnement si favorable. Jusqu’aux plus petites interventions chacun est merveilleux. L’Ariane de Catherine Hunold est sculpturale, sa prima Donna caricaturale. En Bachus, le ténor Issachah Savage, est éblouissant de panache vocal avec une quinte aiguë et une longueur de souffle qui tiennent du surnaturel, dans le prologue sa brutalité pleine de morgue un est vrai régal de suffisance pardonnée après le final. Car la puissance du duo final est historique, une telle plénitude sonore dépasse l’entendement. La Zerbinetta d‘ Elisabeth Sutphen mérite des éloges pour un équilibre théâtre-chant de haut vol, alors qu’il s’agit d’une prise de rôle. Elle passe du moqueur au profond en un clin d’ oeuil, virtuose ou languide, elle peut tout. Le trio de voix, rondes et nuancées, qui tiennent compagnie à Ariane sur son rocher sont d’une qualité inoubliable que ce soit Caroline Jestaedt, en Naïade, Sarah Laulan en Dryade ou Carolina Ullrich en Echo. Les quatre messieurs qui accompagnent Zerbinetta ne sont pas en reste au niveau vocal mais jouent également avec beaucoup de vivacité et d’énergie (Pierre-Emmanuel Roubet, Scaramouche ; Yuri Kissin, Truffaldino ; Antonio Figueroa, Brighella). Philippe-Nicolas Martin , en Arlequin ajoutant une belle touche de vraie-fausse mélancolie dans son lied. Le compositeur d’Anaïk Morel est très sympathique c’est vraiment Strauss lui même qui se questionne sur la folie d’oser composer des opéras dans un monde si absurde. La réponse est OUI : la beauté, l’intelligence et la finesse sont le remède à l’absurdité et la bêtise du monde.

Aujourd’hui à Toulouse le flambeau a été rallumé avec panache. Oui en une soirée la beauté peut ragaillardir tout un théâtre et le succès public a été retentissant. Les mines réjouies en quittant la salle du Capitole en disent long sur la nécessité de croire, et ce soir de l’avoir vue réalisée, en cette alchimie subtile qui se nomme opéra. Merci à tous et bravo à cette production qui aborde le rivage de la perfection ! Il teste encore deux représentations à ne pas manquer du chef d’oeuvre de Richard Strauss parfaitement représenté à Toulouse .
Hubert Stoecklin


COMPTE-RENDU, opéra. Toulouse, Capitole, le 1er Mars 2019. RICHARD STRAUSS (1864-1949) : ARIANE à NAXOS, Opera en un acte et un prologue, Livret de Hugo von Hofmannsthal, Création le 4 octobre 1916 au Hofoper de Vienne, Nouvelle production du Théâtre du Capitole/Opéra Orchestre national de Montpellier – Occitanie. Michel Fau, mise en scène ; David Belugou, décors et costumes ; Joël Fabing, lumières ; Pascale Fau , maquillages. Avec : Catherine Hunold, Primadonna / Ariane ; Issachah Savage, Ténor / Bacchus ; Anaïk Morel, Le Compositeur ; Elisabeth Sutphen, Zerbinetta ; Philippe-Nicolas Martin , Arlequin ; Pierre-Emmanuel Roubet, Scaramouche; Yuri Kissin, Truffaldino ; Antonio Figueroa, Brighella ; Caroline Jestaedt, Naïade ; Sarah Laulan, Dryade ; Carolina Ullrich, Echo; Florian Carove, Le Majordome ; Werner Van Mechelen, Le Maître de musique ; Manuel Nuñez Camelino, Le Maître à danser; Alexandre Dalezan, Le Perruquier ; Laurent Labarbe, Un Laquais ; Alfredo Poesina, L’Officier ; Orchestre national du Capitole ; Evan Rogister : direction musicale.

REQUIEM : The Pity of war par Ian Bostridge et Antonio Pappano chez Warner Classics

Compte rendu CD. Requiem The Pity of war. Mélodies de George Butterwort (1885-1916) ; Rudi Stephan (1887-1915) ; Kurt Weil (1900-1950) ; Gustav Mahler ( 1860-1911) ; IAN BOSTRIDGE, ténor; ANTONIO PAPPANO, piano. 1 CD Warner Classics 1 9029566156 4. Stéréo DDD. Durée : 58’24’’. Enregistré du 25 au 28/2/2018, Church of St.John-on-the- hill, Hamstead Garden Suburb, London.

Chacun le sait, les commémorations du centenaire de l’Armistice de 14-18 n’ont pas été à la hauteur de la condamnation franche et sans appel des horreurs de la guerre due à l’humanité bafouée.
Deux artistes me semblent avec leurs armes aller vers cette condamnation sans appel attendue. En écoutant ce CD, dont l’intelligence du titre m’a interpellé, j’ai été pris par une forte émotion et l’impression qu’enfin ce qu’il faut percevoir des effets dévastateurs de la guerre peuvent être ressentis par des femmes et des hommes qui ont la chance de ne pas avoir connu directement de telles abominations.

Les deux artistes sont de fins musiciens et des grands virtuoses. La voix de Ian Bostridge reste lumineuse et haute, capable à présent de graves soutenus. Son art du dire reste un exemple indépassable et son art du chant tient du sublime, avec des nuances et des couleurs incroyablement variées. Le piano d’Antonio Pappano est orchestral, riche et mouvant, plein de vie. L’entente entre les deux artistes est parfaite. Le court texte qui accompagne l’enregistrement est de Ian Bostridge, sans lourdeur et avec précision il situe poètes et musiciens choisis dans leur rapport à la guerre.

La construction du programme et d’une force sidérante. Les 6 mélodies de George Butterwort en apparence simples ont une richesse harmonique préparant la modernité tout en respectant des mélodies très pures. Les thèmes de nature et de rapport au temps et à la mort, préparent notre réflexion et aiguisent nos émotions.
Puis en complète opposition les 6 mélodies de Rudi Stephan sur des textes subtilement érotiques de la poétesse Gerda von Robertus donnent la parole à Eros, seul capable de lutter contre Thanatos.
Ensuite des mélodies de Kurt Weill attaquent au coeur et touchent l’âme en ménageant mélodie et harmonie dans le chant et offrant la fureur du piano qui gronde, pleure, crie. La puissance des textes de Walt Whitman est inouïe en sa simplicité. Les deux artistes, d’un seul mouvement artistique et théâtral fondu, nous confrontent à la force de la mort, sa bêtise et son obscénité, surtout lorsqu’elle est organisée par les humains pour leurs semblables. Difficile de rester de marbre devant les effets de la mort pour les survivants, comme de ne pas partager l’immense pitié pour les mourants conscients du gâchis de leur vie. La mort du Capitaine, celle du père et du fils ou du fils unique puis de la mère. Voilà qui touche au coeur de notre humanité et pose la seule question. Qu’est-ce qui peut pousser des Hommes à accepter cela ?
Les trois mélodies de Mahler sont plus connues extraites des Knaben Wuderhorn. Elles enfoncent le clou. L’interprétation de Ian Bostridge et Antonio Pappano est sensationnelle de puissance et de fragilité mêlées. La voix peut aller jusqu’au cri, le piano peut tempêter. Mais les pleurs se trouvent dans la voix comme le piano et la dérision mahlerienne sourde à chaque instant comme rarement. Le texte mieux que ciselé par le ténor, est comme aiguisé pour mieux blesser.

Voici un magnifique enregistrement, plein de beauté et d’intelligence, de musique et de théâtre.

La prise de son au plus près des inflexions du chanteur et de la profondeur du piano fait merveille. Le livret bien construit offre une traduction intelligente des poèmes anglais et allemands en français. Un très beau travail éditorial rend ainsi justice à la qualité artistique et philosophique du propos.

Un Requiem pour la pitié de la guerre… si seulement Mars pouvait être enterré un jour pour de bon …..

Hubert Stoecklin

CELIBIDACHE : The Munich Years chez Warner Classics

Compte-rendu Coffret de CD. Sergiu CELIBIDACHE (1912-1996) : The Munich Years. Enregistrements Live de 1979 à 1996 sauf CD 49 de 1948.Enregistrements Stéréo sauf CD 49. Coffret Warner Classics 019029558154.Compilation de 2018. Münchner Philharmoniker, solistes nombreux; Sergiu Celibidache, direction.

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CELIBIDACHE le musicien philosophe irremplaçable !

Ce coffret est un véritable événement pour plusieurs raisons.

Le chef roumain Sergiu Celibidache est rarissime au disque. De son fait principalement car il a toujours refusé d’enregistrer alors que les majors vivaient leur époque la plus florissante. En effet seule la musique en concert l’intéressait. Pour lui la musique n’existait que dans l’instant de sa création, en fonction du lieu, des musiciens et du public présent. Heureusement après une période nomade des plus riches mais sans témoignages enregistrés officiellement, en dehors des concerts radiodiffusés, il a su s’attacher à l’orchestre Philharmonique de Munich : le Münchner Philharmoniker. En collaboration avec la Radio bavaroise tous les concerts , ou presque, ont été enregistrés de 1979 à 1996. Sage philosophe pratiquant le Zen, le respect était au centre de l’éthique du chef. Ainsi durant les 17 ans de leur collaboration l’humanité de leurs échanges et la rigueur du travail toujours approfondi et les longes répétitions partagées ont offert au public munichois des concerts inoubliables. Le legg a été validé par les héritiers et ce coffret très soigneusement organisé et présenté avec soin est ainsi offert à la postérité.

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Au travers du parcours d’écoute de ce fascinant coffret, au delà de la caricature des tempi lents, une sorte d’évidence s’impose. Il y a quelque chose d’organique, voir d’océanique dans la direction de Celibidache. Très régulièrement des vagues se lèvent du fond de l’orchestre et toujours respirent amplement. La relative lenteur permet une écoute comme libérée d’une urgence hystérique qu’une certaine tradition héritée de Karajan a valorisé. Ici c’est la direction de la musique, le parcours qu’elle prend, l’endroit ou elle va, qui guident notre oreille, avec des phrasés amples et généreux et ainsi nait une écoute renouvelée. Mais l’humour n’est pas absent, ainsi l’ouverture de la Chauve Souris pour nous en persuader, avec son basson goguenard… et son rubato…

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Une autre constance est la perfection des sonorités et des nuances qu’il obtient de son orchestre. Le Münchner Philharmoniker était déjà merveilleux lorsqu’il en a pris la tête mais qui il ne va cesser de progresser au point de devenir l’un des tous meilleurs du monde. Mais sans cette sorte de couleur ripolinée des grands orchestres enregistrés, ou ces nuances gonflées par les techniciens. Tous les concerts enregistrés ici sont fascinants, parfois inoubliables, nous en détaillerons certains. Le naturel qui diffuse à l’écoute est très particulier. La respiration de la direction rencontre l’air libre de la prise de son. Le répertoire est centré par la musique symphonique germanique, car c’est l’ ici et maintenant du chef munichois. Tout Bruckner mais également tous les extraits symphoniques de Wagner avec un sens du phrasé, des nuances et des silences absolument prodigieux. De son passage à l’Orchestre National de France il reste Ravel, Debussy, Roussel et Milhaud dans des interprétations incroyablement belles. Les compositeurs Russes sont aussi explorés avec bonheur. Ainsi Tchaïkovski avec émotion, fermeté et sans pathos excessif, Chostakovitch moderne et hyper coloré. Mais le cœur du corpus est donc germanique avec une admiration au père fondateur Beethoven. Ce sont les symphonies de Bruckner qui sont la spécialité de Celibidache là ou sa musicalité et sa philosophie se rencontrent au point d’offrir des interprétations quasi hypnotiques. Emi avait déjà diffusé certaines symphonies. Elle sont toutes dans ce coffret sauf les deux premières. Avec la 3 ème Messe de Bruckner et son Te Deum nous tenons là, la première raison qui fait de ce coffret un absolu. Impossible de ne pas écouter ces concerts historiques avec reconnaissance. Mais d’autres moments inoubliables nous attendent.

Les classiques Mozart et Haydn sont interprétés avec un grand sérieux et une pondération mettant particulièrement en lumière la perfection formelle. Beethoven est magnifié rythmiquement et nuancé avec art. Nous préférons les 3,5,6 et 9. Les trois Symphonies de Schumann sont admirables. Brahms avec majesté et une splendeur formelle est phrasé avec magnificence. Schubert est aussi splendidement romantique. Le Scheherazade de Rimsky-Korsakov donne toute ses lettres de noblesses et un final cosmique inouï à une partition trop souvent galvaudée dans ses effets faciles. Le répertoire choral est abordé avec respect et majesté. Si la Messe en si de Bach est discutable son credo nous entraine entre terre et cosmos et il ne peut laisser indifférent. Le Requiem de Verdi est fascinant par certains partis pris, le Requiem de Mozart surnaturel, avec des découvertes dans l’orchestration tout à fait prodigieuses, mais c’est le Requiem de Brahms qui atteint des sommets avec une Margaret Price idéale. Le Requiem de Fauré convainc par une inhabituelle grandeur et aucune autre soprano que Margaret Price ne pouvait habiter jusqu’au fond les immenses phrases du tempo large du Pie Jesu. Son souffle immense, la richesse de son timbre et les nuances incroyables font de ce moment soliste du Requiem de Faure un des moments de grâce absolue de la musique. Il n’est pas possible de détailler d’avantage un tel coffret, je pense que les amateurs de musique seront sensibles à cette vision si noble du chef Roumain, qui au delà des modes a su diffuser sa pensée musicale à des sommets géniaux qui sont très nombreux dans ce magnifique coffret.

La prise de son est très naturelle, une très belle stéréo aérée. Le public, un peu enrhumé parfois, est très chaleureux dans les applaudissements laissés comme pour rappeler que ce sont avant tout des concerts et non des enregistrements. Celi,c’est le surnom donné au chef par certains musiciens et ses intimes, reste présent avec sa spiritualité profonde pour l’éternité grâce à ce coffret dont la dimension historique est incontestable et fascinante.
Enfin un large public pourra apprécier tout ce que ce chef si singulier a apporté à la musique en concert.

Sergiu


Hubert Stoecklin

Tugan Sokhiev Fan de Star Wars quel voyage !

STAR WARS à Toulouse grace à TUGAN SOKHIEV

Star Wars à la Halle aux Grains et Tugan Sokhiev nous fait décoller avec ses musiciens

écrit par Hubert Stoecklin

Compte-rendu concert.Toulouse. La Halle-aux-Grains,les 19 et 20 décembre 2018. John Williams (né en 1932) et Michael Giacchino (né en 1967): STAR WARS musique de la Saga de Georges Lucas. Orchestre National du Capitole de Toulouse. Tugan Sokhiev, direction.

Avec Tugan Sokhiev le public décolle dans l’univers de Star Wars

Deux concerts événements à Toulouse probablement uniques en France car entièrement consacré à la musique de Star Wars. John Williams est un immense compositeur dont la science et le génie dépassent la seule musique de film. La qualité des partitions écrites pour Star Wars lui a valu l’admiration du monde entier  et une célébrité intergalactique.

Onct Star Wars

Le jeune Michael Giacchino a emboité les pas de son ainé avec admiration et respect de son style mais pas avec le même génie mélodique ou rythmique dans Rogue One. Les concerts  ont donc été entièrement consacrés à la musique de Star Wars en passant par tous les opus ou presque. Il manquait en tout cas le 3 qui réclame très souvent des chœurs. Et ce sera ma demande devant le succès inouï et l’excellence du résultat. Que le prochain concert SW soit bientôt fait avec le chœur du Capitole. Car les partitions de John Williams avec  chœur, très spectaculaires dans l’épisode 3,  sont toutes également très belles. Le succès a été gigantesque, 2 concerts hors abonnement  à guichets fermés, dans la salle des générations mêlées, des petits enfant aux grands parents quatre générations de fans de Star Wars se sont régalés. Le public de la Halle-aux-grains a été rajeuni de 40 ans avec un grand nombre d’enfants tous attentifs parfois bouche bée. Et oui ce public nouveau pour l’orchestre est son avenir. Il ne sera pas possible à ce nouveau public d’oublier l’excellence de l’orchestre du Capitole et la passion avec laquelle ils l’ont jouée sous la direction miraculeuse de Tugan Sokhiev. La musique de John Williams encore plus émouvante et plus belle que dans les enregistrements enregistrés sous la baguette du compositeur.

John Williams

Pour en savoir d’avantage sur ces deux concerts l’émission d’Eric Duprix à la minute 27’20 » de son émission Mélomanie op.57 reviens sur eux, et j’y étais !<figure><iframe src= »https://www.radiopresence.com/embed-article49667.html » width= »100% » height= »330″></iframe></figure>

Radio Presence

Enfin pour en savoir plus sur la richesse du mythe et les personnages voici le lien vers le livre que j’ai co-écrit sur la Saga de Georges Lucas . Star Wars au risque de la psychanalyse: Dark Vador un adolescent mélancolique.

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Bonnes fêtes ! Que la force soit avec  chacun !

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Klaus Mäkelä à Toulouse

COMPTE RENDU, concert. TOULOUSE, le 8 déc 2018. Lopez. Korngold. Stravinski. Akiko Suwanai. Orch Nat du Capitole / K Mäkelä.

makela klaus maestro classiquenews concert review

COMPTE RENDU, concert. TOULOUSE, le 8 déc 2018. Lopez. Korngold. Stravinski. Akiko Suwanai. Orch Nat du Capitole / K Mäkelä. Parmi les chefs invités par l’Orchestre du Capitole, il y en a de toutes sortes. Ce n’est pas fréquent qu’un chef aussi jeune, 23 ans , fasse une impression aussi consensuelle et évidente sur d’autres qualités que la jeunesse. Le très jeune chef finlandais Klaus Mäkelä est déjà un très grand chef. Il est nommé à Oslo l’année prochaine, hélas pour le reste du monde car il sera très pris et a dû renoncer à des engagements (dont deux concerts à Toulouse prévus la saison  prochaine). Les génies de la baguette sont rares et les plus audacieux ont su se l’attacher. Qu’apporte ce chef de si génial ? Une autorité bienveillante et naturelle, des gestes très clairs et dont la souplesse révèle une belle musicalité. Cet artiste est également un violoncelliste de grand talent ! La précision de la mise en place, la clarté des plans sont sidérantes.

Klaus Mäkelä, jeune maestro superlatif
Le génie n’attend pas le nombre des années

Il encourage l’orchestre et ne le bride pas. Il faut dire que l’Orchestre du Capitole atteint un niveau d’excellence qui permet à un chef musicien d’atteindre de suite des sommets.

La première pièce du concert est une nouveauté pour le public comme pour l’orchestre, une pièce en forme de poème symphonique de Jimmy Lopez. La difficulté est comme un jeu entre le chef et l’orchestre qui dans une véritable flamboyance de chaque instant nous régale. Pourtant le propos du compositeur est polémique car il parle de l’esclavage qui a conduit les victimes à inventer des instruments et un style musical avec les moyens du bord. L’homme est incroyablement créatif dans l’adversité et la souffrance. Ainsi en fine suggestion plusieurs  instruments à percussion ont intégré ceux d’un grand orchestre symphonique gagnant ainsi leurs titres de noblesse. La mâchoire d’âne étant la plus singulière et la plus emblématique de ce génie humain dans le malheur. Magnifique œuvre mettant donc en valeur tous les pupitres de l’orchestre et la technique impeccable des musiciens et du chef. Les rythmes populaires intégrés permettant rubato et swing à l’envie.

suwanai akiko concert critique classiquenews 2018 2012

Soliste invitée,  la violoniste Akiko Suwanai, toute d’élégance féminine bleutée en une robe de ciel étoilé,  a auréolé la salle de son charme. Le violon dont elle joue a appartenu à un prince, un poète du violon, Jascha Heifetz. Elle retrouve les qualités esthétiques faites de pureté de son, de grain noble du timbre et d’un exquis moelleux des lignes,  comme  le maestro et ce fameux  « Dolphin » de 1714. L’interprétation du Concerto pour violon de Korngold est lumineuse, planante et délicatement phrasée. Tout coule et rien ne fait aspérité. Peut être un léger manque de contraste et d’émotion peuvent diminuer l’intense plaisir hédoniste que le jeu de la violoniste offre au public. En bis, la violoniste offre avec une déconcertante facilité, le final de la Sonate pour violon seul d’Ysaÿ  mêlant Bach et le Dies Irae.

Après l’entracte, le chef dirige avec un réel plaisir communicatif la pièce de Stravinski qu’il préfère, Petrouchka. Il faut reconnaître que son interprétation est marquée par une confiance absolue et une solidité remarquable. Rien ne vient ternir une énergie invincible. L’orchestre du Capitole répond comme un seul à cette direction précise et le résultat est particulièrement lumineux et même éclatant. Chaque instrumentiste est parfait. Il manque juste un peu de farce et d’humour à ce ballet facétieux et même mélancolique en second degré. Pour l’heure, le chef finlandais est tout à son admiration pour cette partition exubérante, haute en couleurs, et pour les qualités de l’orchestre du Capitole très à l’aise dans ce répertoire.
Avec le temps viendront le sens du théâtre et le burlesque que Stravinski a mis dans sa partition qui à l’origine est un ballet.

Un très beau concert qui révèle les qualités d’un véritable génie de la baguette et la confirmation de l’exceptionnelle virtuosité de la violoniste nippone. De son côté, notre Orchestre du Capitole poursuit son excellence comme partenaire idéal des plus grands musiciens.

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Compte rendu concert. Toulouse. Halle-aux-Grains, le 8 décembre 2018. Jimmy Lopez (né en 1978) : Peru Negro pour orchestre ; Erich Wolfgang Korngold ( 1897-1957) : concerto pour violon et orchestre en ré majeur op.45 ; Igor Stravinski (1882-1971) : Petrouchka, scènes burlesques en quatre tableaux ( version de 1947) ; Akiko Suwanai, violon ; Orchestre National du Capitole de Toulouse ; Klaus Mäkelä, direction. Illustrations : DR, © Mäkelä by Heikki Tuuli

VISITEZ aussi le site officiel de KLAUS MAKELA :
https://www.klausmakela.com

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Le jeune maestro travaille avec le Turku Music Festival, le Tapiola Sinfonietta. Il est chef principal invité du Swedish Radio Symphony Orchestra, et deviendra à partir de la saison 2020 / 2021 (dès septembre 2020) : directeur musical du Philharmonique d’Oslo / Chief Conductor & Artistic Advisor: Oslo Philharmonic Orchestra – une personnalité désormais à suivre, héritier d’une déjà riche tradition de chef finnois. En particulier dans le cycle des symphonies de son compatriote Sibelius, immense génie symphoniste encore trop peu joué…

Posté sur Classiquenews.com par Hubert Stoecklin

Bach 4, 3, 2 Claviers Chez Erato par David Frey and friends

Le CD du Bonheur : Bach et ses concerti pour 4,3 et 2 claviers

écrit par Hubert Stoecklin 27 novembre 2018 10:38

Le dernier CD de David Fray est peut être son meilleur et certainement mon préféré !

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Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Concerto pour quatre pianos en la mineur BWV1065 ; Concerto pour trois pianos en ré mineur BWV 1063 ; Concerto pour deux pianos en ut mineur BWV 1062 ; Concerto pour deux pianos en ut majeur BWV 1061 ; Concerto pour deux pianos en ut mineur BBV 1060 ; David Fray, Jacques Rouvier (BWV 1065,1063,1061) ; Emmanuel Christien (BWV 1065,1063,1060) ; Audray Vigouroux (BWV 1065,1062) : piano ; Cordes de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse. David Fray, direction.

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Enregistré durant l’été 2018 ce CD garde de cette saison la chaleur et la lumière. La beauté de la Chapelle des Carmélites aux plafonds peints resplendissants ont inspiré certainement nos artistes durant l’enregistrement. Car l’Italie est présente dans ce premier concerto pour quatre claviers adapté par Bach avec un génie merveilleux d’un concerto de Vivaldi pour quatre violons. Les pianos sonnent avec énergie, alacrité et un esprit de danse communicatif. La souplesse des cordes, leur allant et leur précision font merveille. C’est l’énergie de David Fray qui a fédéré ce projet de l’amitié et de la filiation. Nous savons l’admiration réciproque entre le maitre et l’élève. David Fray a gravé avec Jacques Rouvier un très bel enregistrement de la fantaisie de Schubert à quatre mains avec son maitre et professeur d’autrefois. Il avance plus loin dans son hommage à son maitre et à ce temps d’apprentissage si fécond au Conservatoire en invitant deux collègues et amis : Audray Vigouroux et Emmanuel Christien.

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Certes chaque artiste a son jeu, ses qualités intrinsèques et sa personnalité artistique mais un petit quelque chose fait lien entre eux. Oui la fine musicalité de Jacques Rouvier, une certaine tenue et une agréable élégance dans leurs jeux ainsi qu’un certain rapport plein de respect à leur instrument sont perceptibles. Il se partagent ensuite les autres concertos à 3 ou 2 pianos avec la même joie communicative et un toucher franc, clair et souple, des nuances délicates et des phrasés dansants. Les cordes de l’Orchestre du Capitole avec Daniel Rossignol en premier violon sont de parfaits chambristes. Précision et élégance sont au rendez vous. Ces œuvres sont jubilatoires et les mouvements lents sont des moments de suspension d’une plénitude réconfortante.

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Ces mêmes concertos ont été donnés en concert à la Halle-aux-Grains le 23 novembre 2018. Le succès remporté est grand et le même sentiment de bonheur se diffuse à la salle entière. Et quel spectacle que ces superbes Steinway en scène !

Les pianistes sont pleins de charme. Le jeu noble de Jacques Rouvier atteint une belle plénitude. Encore plus élégante de geste et ronde de son, Audray Vigouroux est une merveilleuse musicienne. Emmanuel Christien semble déguster particulièrement les échanges chambristes et bien évidemment le jeu de David Fray est brillant et emporte l’adhésion. Ses gestes de direction sont rares, il joue dans tous les concertos, ce sont plus des relances qu’une véritable direction car il est évident que les cordes et les pianistes savent prendre une direction commune, celle de la musique souple et dansée au soleil de la joie.

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Ce concert donné le 23 novembre au profit de la recherche pour le cancer en partenariat avec les Rotary Clubs de Midi-Pyrénées a été un moment de partage et de joie dans un monde inquiet. Mais les espoirs dans la recherche sont associés pleinement à cette joie musicale. Les deux se construisant sur l’excellence et un travail acharné.

Ce CD mérite une large diffusion pour tout le bien que son écoute procure.

Hubert Stoecklin


1 CD ERATO WARNER CLASSICS 0190295632281. TT : 69.10. Enregistré du 3 au 7 Juillet 2018. Chapelles des Carmélites, Toulouse, France.

Lien vers le making of 

et le dernier mvt du BWV 1065 à 4 Claviers !

Haendel par la grâce de trois superbes musiciennes

Compte-rendu CD. Georg Frederic Haendel (1685-1759) : Cantates Italienne. Aminta e Fillide ; Armida Abbandonata ; La Lucrezia. Sabine Devieilhe, soprano ; Lea Desandre, mezzo-soprano. Le Concert d’Astrée. Direction, Emmanuelle Haïm. 2 CD Erato 019029633622. Durées CD 1 : 53’25 »; CD2 : 42’45’. Enregistrés en 2018.

Trois grâces au service du jeune génie de Haendel.

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Emmanuelle Haïm aime Haendel et sa carrière de chef d’orchestre a pu compter sur le génie de Haendel dés le début. Il y a tout un pan du répertoire du jeune Haendel lorsqu’il a vécu en Italie qui est peu enregistré et qu’Emmanuelle Haïm aime à faire découvrir avec de grand talents vocaux. Ainsi nous avions particulièrement aimé son premier enregistrement des duos d’Arcadie paru en 2002 avec entre autres Dessay, Gens, Petibon, Mingardo et Agnew.

Arcadian Duets

Puis l’extraordinaire  » Délirio Amoroso » en 2005 avec Natalie Dessay.

Delirio

Le double CD enregistré par Erato explore à nouveau ce superbe répertoire et il nous offrent trois cantates avec Sabine Devieilhe et Lea Desandre. L’orchestre ne comprend que des cordes mais l’inventivité du jeune Haendel est telle qu’il ne semble rien manquer au charmes qu’il déploie et qui annoncent les superbes opéras de sa maturité. Avec une voix claire, virtuose et une musicalité faite drame Sabine Devieilhe fait merveille dans la cantate Armida abbandonata. Lea Desandre à la voix plus ambrée a les mêmes qualités dramatiques et renouvelle avec une fragilité attendrissante les fureurs de La Lurezia qu’une Janette Baker a immortalisé en son temps. Les deux cantatrices arrivent dans une cantate de dimension plus audacieuse, Aminta et Fillide, à caractériser chacune leur personnage d’amoureux qui éperdue qui cruelle. Le duo final qui les rassemble est un morceau de bravoure des plus captivants. L’enthousiasme de ce disque doit beaucoup à la direction pleine de vie et d’énergie d’Emmanuelle Haïm. Son Concert d’Astrée a une magnifique réactivité et que ce soit les cordes vives comme le continuo inventif tout fait mouche et nous convainc de la beauté de ce répertoire de jeunesse qui n’a rien à envier à la maturité d’un compositeur prolixe. Un bel enregistrement plein de vie qui mérite la plus belle écoute tant pour la beauté des voix et de l’orchestre que l’énergie développée par Emmanuelle Haïm.

Hubert Stoecklin

Adam Laloum à bas bruit en concerts quasi privés

Expérience musicale. Toulouse. Théâtre Garonne, les galeries. Du 26 Aout au 6 Septembre 2020. Adam Laloum, piano. Mi-Sa Yang, violon.

A bas bruit la musique fait son retour à Toulouse grâce au Théâtre Garonne

On le sait la culture doit rentrer en résistance pour subsister après le Covid. On ne compte plus les artistes malheureux, les projets annulés, les spectacles ajournés, les déplacements, annulations, réductions, et que sais-je encore. Des saisons amputées, des Festivals laminés, des morts et aussi  des résistants.

Nous avons eu la chance d’aller à Salon de Provence et à la Roque d’ Anthéron. Et à Toulouse la Musique en dialogue à la Chapelle des Carmélites ( tous les compte rendu dans les articles ci dessous).

Les organisateurs de spectacle ont dû avaler des couleuvres, faire et refaire des plans de salle selon des directives aussi arbitraires que délétères.  A Salon le port du masque durant les concerts en plein air et des places vides partout. A la Roque un plan millimétré privant des deux tiers des places, mais autorisant d’enlever le masque durant les concerts, en plein air tout de même ! Et toujours une organisation parfaite, des bénévoles experts dans l’art de diriger un public impatient mais docile. Et combien y a-t-il eu de réunions, de négociations… de travail fastidieux souvent inutilisable, de tracas, de peurs et de moments de désolation….  Jamais je ne serai assez reconnaissant à ces résistants qui portent haut l’étendard de la liberté de l’expression artistique malgré toute la bureaucratie maudite. Le travail de toutes les personnes « autours » des artistes a été remarquable, absolument fondamental. Merci à tous.

Les artistes étaient tous émus d’enfin jouer pour le public, dans des retrouvailles très émouvantes. La plupart ont évolué durant ce confinement, certains abordant de nouveaux répertoires. Les organisateurs de spectacles ont osé et ont réussi des paris parfois improbables. Il en est ainsi du Théâtre Garonne à Toulouse qui a fait sa rentrée à « BAS BRUIT » dans ses souterrains.

On ne peut pas trouver idée plus symbolique pour évoquer ce qui se passe. Il faut retrouver le gout du partage du beau à petite dose, sans faire de bruit, mais pas sans passion. Ainsi le pianiste Adam Laloum a-t-il enchanté les lieux souterrains avec des moments rares. De trois à cinq petits concerts par jour. Cela permettait au public de venir petit à petit. Pour certains de revenir avec un gout de plaisir défendus.  Certes il n’y avait que 20 personnes à la fois mais enfin 20 qui nageaient dans le bonheur, à côté du musicien et dans une plénitude sonore presque impudique. Le piano demi-queue sonnait puissant dans cette acoustique si particulière de ces boyaux de brique qui autrefois conduisaient de puissantes eaux venues de la Garonne toute proche.

Lieu magique, formule inouïe, et artiste complètement en transe. Le résultat ne peut se raconter tant ce qui a été vécu a été fort. Durant les trois premiers jours il y avait quatre concerts de piano solo de 30 minutes en moyenne qui alternaient.

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Adam Laloum © Carole Bellaiche
  1. La Sonate de Berg (11’) et la sonate D.664 de Schubert (25’).

Adam Laloum aborde cette unique sonate de Berg en post romantique encore sensible au lyrisme. Il fait chanter son piano et dans une clarté de jeu rare nous révèle tous les plans de cette partition. Le jeu limpide, les phrases sculptées et les rythmes précis créent un moment inoubliable. Puis la délicate et joyeuse sonate D.664 de Schubert n’est que bonheur partagé. Elle semble facile coulant sous des doigts légers.

  1. La sonate D.959 de Schubert (42’)

Cette sonate est d’une beauté incroyable dans l’interprétation qu’en fait Adam Laloum nous l’avons écrit, il y rencontre le génie de Schubert et le tutoiement est évident. Il y a comme une fusion fraternelle entre un compositeur et un musicien à travers les siècles. Une entente  comme il y en a peu car basée sur un partage de la même sensibilité et de la même poésie du monde entre joies et peines. Adam Laloum est le Schubertien dont on rêve depuis Rudolf Serkin et plus loin encore, Arthur Schnabel. Le deuxième mouvement «  Andantino » à chaque fois me transporte. C’est si beau, si puissant émotionnellement et la proximité du piano permet de rentrer dans le son si riche d’Adam Laloum comme jamais dans une vaste salle de concert. Tant dans le suave de ses pianissimi que dans la puissance émotionnelle de ses forte. La tempête centrale est dévastatrice, mais la tendresse qui suit est une consolation aimante qui fait tout oublier.

  1. La troisième sonate de Brahms en fa mineur op.5 (37’)

Cette œuvre nous la devons au confinement. Elle convient parfaitement aux moyens actuels du pianiste nous l’avons dit lors de sa venue à La Roque cet été. Il domine complètement la puissance de cette œuvre, la plus épanouie en terme lyrique et émotionnelle. Pouvoir l’écouter de si près permet de se rendre compte de l’ampleur phénoménale des nuances. C’est parfois presque trop intime de voir Adam Laloum donner tant dans son jeu. Il part quelque part et nous entraine avec lui. Il utilise ses recherches sur les sonorités du piano. Il colore, il sculpte le son et met tout cela au service d’une émotion irrésistible. Le jeu est émotionnel certes, mais également très maitrisé avec une constante lisibilité des plans, des structures et de la construction générale. Que ses graves ont beaux, chauds, profonds ! Et les aigus peuvent s’envoler avec légèreté ! Dans le deuxième mouvement « Andante espressivo » Adam Laloum sembler nager, comme flotter dans l’harmonie à la manière d’un poisson dans l’eau. Il semble nous amener à traverser la texture harmonique pour nous en délecter autant que lui.

Adam Laloum
  1. Schumann Kreisleriana op.16 (33’)

J’aime ce recueil et ce que nous offre Laloum ne ressemble à rien de ce que je connais. Il sait donner une sorte d’évidence à ce kaléidoscope émotionnel et pianistique. Tout est là sans heurts sans violences dans des oppositions et des contrastes qui se répondent plus qu’ils ne s’opposent. Des nuances incroyablement creusées, des couleurs innombrables et des traits précis, phrasés avec une sorte de largesse pleine de générosité toute schumanienne. Du beau piano mais surtout de la très, très belle musique !

  1. Deux sonates pour violon et piano de Brahms op.100 et op.108. Avec la délicieuse Mi-Sa Yang.

L’amie violoniste n’est pas arrivée comme prévu le mercredi 2 Septembre retenue par des exigences Covid…. Nous craignions le pire pour elle espérant toutefois qu’elle pourrait venir. Avec vaillance Adam Laloum a repris son programme soliste et c’est avec un immense plaisir que nous avons pu entendre une nouvelle fois la troisième Sonate de Brahms dans une interprétation peut être encore plus passionnée voire hallucinée.  Mais le lendemain elle est arrivée… Et tous les deux en fusion comme nous le savons ils se sont lancés dans ces deux extraordinaires sonates de Brahms. Bien évidement l’op.108 avec son lyrisme débordant restera dans les mémoires. Ces deux artistes qui font de la musique ensemble depuis leurs études partagent la même vision poétique, la même fine musicalité qui va droit à l’expression sans se soucier de la virtuosité autrement que comme moyen. Aimez-vous Brahms ? Il est difficile de ne pas adhérer totalement à cette musique avec des interprètes si doués.

Adam Laloum avec ces trois compositeurs, Schubert, Schumann et Brahms est au cœur de son répertoire, c’est un grand romantique dont l’évolution est passionnante. Aussi à l’aise seul qu‘ en musique de chambre et si dieu veut nous le retrouverons avec l’Orchestre du Capitole à la Halle-aux-Grain le 7 Janvier 2021 dans le concerto de Schumann ! Justement le concerto le plus chambriste du répertoire….

Hubert Stoecklin

Théâtre Garonne saison à Bas Bruit